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Mégalithes de Monteneuf (56)
Mégalithes de Monteneuf (56)

Brocéliande, Terre d’Histoire

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Dans la région appelée aujourd’hui Brocéliande, et autrefois Brécilien, des hommes ont vécu depuis fort longtemps. Les traces les plus anciennes de leur installation remontent à 45 siècles.

Le jardin aux moines à Néant sur Yvel

À l’aube de l’histoire

La Préhistoire a laissé des traces dans cette région.

La présence de mégalithes en fait foi. Il n’existe pas en Brocéliande de grands ensembles mégalithiques comme à Carnac en Bretagne ou Stonehenge dans le sud de l’Angleterre.

l’Hotié de Viviane

Mais on trouve :

 des pierres levées, par exemple le Tombeau des Anglais, ou l’Hotié de Viviane à Paimpont.

 des menhirs, comme celui de la Ville Guichais à St Malon ou La pierre longue à Iffendic.

 des alignements, comme ceux de Monteneuf, près de Guer, ou le Jardin aux Moines à Néant sur Yvel.

 des allées couvertes comme l’allée du Hino et l’allée de la Ville-Bouquet, près de Ploërmel.

Des objets, témoins de l’activité humaine, 2500 ans avant J.C. ont été découverts :

 des haches à douille armoricaine, en cuivre, puis en fer, qui servaient probablement de monnaie, et dont la région était une grande productrice.

 des objets en or, comme la tasse découverte en 1880 au bord de l’Aff, près du Pont du Secret, dans la forêt de Paimpont, et qui est exposée au musée de St Germain en Laye.

Au temps des Celtes

De 1500 à 800 ans avant Jésus Christ, les Celtes, venus du monde indo-européen, se répandent en Europe, et surtout en Europe occidentale. Ce sont eux qui forment l’ossature humaine de la Gaule, mais ils sont également présents en Italie et en Espagne, et jusqu’au Bosphore (Galata).

Le monde celtique ignore les ensembles urbains. L’unité d’habitation est le village, rendu en breton par le mot « Ker » et en Français par le mot « Ville » : La Vieux-ville, la Ville-danet, la Ville Mouazan, la Ville au Cannée etc.

La religion celte est polythéiste et le druide en est le prêtre.

La période romaine

Dans les années 50 avant J.C, ce sont les Romains qui pénètrent en Armorique, après avoir colonisé le reste de la Gaule.

Les habitants tentent bien de résister, mais une des principales tribus, les Venètes est écrasée dans une bataille maritime qui laisse les Romains maîtres de l’Armorique.

La région de Brocéliande est alors rattachée à la circonscription romaine de Corseul et ce sont les Romains qui créent dans la région les premières villes : Condate (Rennes), par exemple, Nantes, Vannes et Carhaix.

Pour relier les villes entre elles, sont créées les voies romaines.

La région de Brocéliande, difficile à pénétrer parce que extrêmement boisée, sera contournée au nord et au sud par les voies Rennes-Carhaix. Ce sont les ancêtres des routes nationales 12 et 24.

Du nord au sud, cependant deux routes sont tracées : Rennes-Corseul et Vannes-Corseul.

C’est une période de grand développement économique (agriculture, élevage, artisanat). On est alors dans un monde qui pratique facilement une économie d’échange, et une utilisation abondante de la monnaie.

Les croyances celtes continuent, mais les Romains les combattent (surtout sous l’empereur Claude ) et ils imposent leurs divinités, tout en les habillant de noms celtes pour faciliter leur implantation.

L’implantation du christianisme en Armorique est mal connue. On sait seulement qu’il se propagea par les villes : Rennes, Nantes, Vannes, Carhaix et qu’il restait absent dans les campagnes (pagani, païens = paysans).

Les migrations bretonnes et franques

Statue de Saint Judicaël près de la Grotte de Paimpont

Après la chute de l’Empire Romain, 4ème-5ème siècles, les peuples qui lui étaient soumis redressent la tête et de nombreuses petites principautés voient le jour, se combattant entre elles. Ainsi, en Grande Bretagne se joue le sort de nombreux Bretons. Les habitants du Pays de Galles, de Cornouailles et du Devon actuel, sont chassés de chez eux par les Saxons et les Scots d’Irlande. C’est le commencement des migrations bretonnes.

De petits royaumes se créent en Armorique, comme par exemple dans la moitié nord, la Domnonée, qui comprend la région de Brocéliande. Et au 7ème siècle, le roi de ce petit royaume s’appelle Judicaël. Une de ses résidences se nomme Gaël.

Cette arrivée des Bretons va apporter de grands changements :

 changements linguistiques. C’est la période où le breton se répand dans une grande partie de la Bretagne actuelle, avec les noms de lieux en « Plou », « Tre » et « Lan ». C’est ainsi qu’en Brocéliande, on aura Plélan, Treffendel, Langan, etc. ; Le nom Paimpont se rattache également à cette période. En breton Paimpont se dit Penpont (La tête de pont).

 changements religieux aussi, car les nouveaux arrivants sont chrétiens. Ils arrivent avec leurs prêtres, dont on fera les saints bretons. En Brocéliande se créent ainsi St Péran, St Malon sur Mel, St Maudan, St Méen, St Gonlay etc...

Dans le même temps, déferlent les migrations franques, qui viennent buter sur les migrations bretonnes et le département d’Ille et Vilaine actuel est caractéristique de ce combat avec, dans le nord et l’ouest, les noms de lieux bretons en « Plou », « Lan » et « tre » et dans le centre et l’est, les noms gallo-romains en « é » (Gévezé, Janzé, Pacé) et tous les noms en « igné » (Poligné, Louvigné, Montigné etc ... ). S’y ajoutent les noms typiquement francs, par exemple les Guerches, du germanique Werki, endroit fortifié. Le pays de Brocéliande actuel est caractéristique de cette confrontation, avec, en même temps Langan, Plélan, Penpont, Pleumeleuc et Romillé, Bédée.

L’armorique devient Bretagne

A partir du 8ème siècle, l’Armorique va prendre le nom de Bretagne et l’histoire de Brocéliande va se poursuivre à l’intérieur de cette nation, d’abord royaume, puis duché.

Les invasions normandes vont, ici comme ailleurs, se caractériser par des destructions de châteaux, d’églises et de monastères. C’est ainsi que Maxent, Plélan et Paimpont subiront des dégâts importants, qui nécessiteront la construction de nouveaux édifices.

L’abbatiale de Paimpont

Le prieuré de Paimpont, construit au 7ème siècle, par St Judicaël et St Méen, connaîtra le même sort. Détruit au 9ème siècle, il fut reconstruit au 10ème avant d’être détruit à nouveau à la fin du 12ème, par les moines eux-mêmes, pour cause d’étroitesse et de vétusté. L’abbatiale actuelle date du début du 13ème siècle...


Trois volets vont par la suite caractériser le pays de Brocéliande :

Un volet politique

Au Moyen Age, au temps de la féodalité, des châtellenies et des seigneuries se créent, pour remédier à la faiblesse du pouvoir ducal et royal.

Tour médiévale du Papegaut à Montfort

En Brocéliande, on connaît ainsi :

 La seigneurie de Gaël, dont le premier représentant, Raoul de Gaël, fit la campagne d’Angleterre avec Guillaume le Conquérant, en 1006. Il serait mort au cours de la première croisade.

 La seigneurie de Montfort, dont le premier château fut construit en 1091, mais c’est seulement en 1187 qu’elle devint indépendante de celle de Gaël. Le château de Montfort était situé à l’endroit où est construite actuellement l’église.

 La seigneurie de Boutavent, dont le château était situé entre Saint-Péran et Iffendic, à l’emplacement d’une ancienne résidence du roi Judicaël. Elle fut détruite au cours de la guerre de Cent Ans, sur l’ordre de Du Guesclin.

 La seigneurie de Comper, place forte stratégique, théâtre de nombreux combats, aussi bien pendant la guerre de Cent Ans que pendant la guerre de la Ligue au 16ème siècle, au temps du duc de Mercœur.

La guerre de succession de Bretagne au 14ème siècle, puis les combats de la Ligue au 16ème, furent les événements marquants de cette période. Quand la Bretagne fut rattachée à la France, Brocéliande fut incluse dans la sénéchaussée de Ploërmel.

Un volet économique

Le massif forestier de Brocéliande s’étend, pour sa plus grande partie, sur la commune de Paimpont et couvre une superficie de 7000 ha.

La vie économique s’est alors développée dans un certain nombre de clairières, petites, au
début, puis de plus en plus grandes : les clairières du Cannée, de Beauvais, de la Ville-Danet, de Telhouët, et de Coganne, de Gaillarde. Le bourg de Paimpont ne date que de la moitié du 19ème siècle.

Jusqu’au 20ème siècle, chacune de ces clairières avait une vie autonome, avec chapelle, école et café-épicerie. Les gens d’aujourd’hui sont encore marqués par cette situation. Dans ces clairières s’est développé la vie agricole, tournée de plus en plus vers l’élevage.

Vestiges des deux hauts fourneaux des Forges

Autre fait important de la vie économique en Brocéliande, Les Forges de Paimpont. Elles débutent en 1653 et font vivre des centaines d’ouvriers. Les produits fabriqués sont, pour un tiers, vendus dans un rayon de 50 km. Le reste est acheté par les Etats de Bretagne, la Marine Royale de Lorient, St Malo et l’armée. Les Forges de Paimpont cesseront leur activité en 1884.

Un volet religieux

Dès le Moyen Age, la région de Brocéliande fait partie intégrante du diocèse de St Malo, lequel était divisé en deux archidiaconés : l’archidiaconé de Dinan (Poudouvre, Poulet, Plumaudan et Bécherel) et l’archidiaconé du Porhoët (Beignon, Montfort, Lohéac, Ploërmel, Josselin). 22 paroisses dépendaient de Beignon et 32 paroisses dépendaient de Montfort.

Plusieurs abbayes étaient implantées sur ce territoire :
 l’Abbaye St Jean de Gaël, qui deviendra l’abbaye de St Méen (Bénédictins)
 l’Abbaye St Jacques de Montfort (Augustins)
 l’Abbaye N.D. de Paimpont (Augustins)

La Révolution changera un certain nombre de ces données : l’Ille et Vilaine englobera désormais, en grande partie, le massif de Brocéliande, l’autre partie étant dans le Morbihan.

Les abbayes disparaîtront en tant que telles : St Méen et Paimpont deviendront uniquement églises paroissiales.

Désormais, la vie, qu’elle soit politique, économique ou religieuse se déroulera dans le cadre du département d’Ille et Vilaine ou du diocèse de Rennes.

Voilà ainsi un aperçu de la vie en Brocéliande en tant que terre d’histoire, depuis l’aube des temps.