Tout a commencé au 7e siècle, quand saint Judicaël, roi de Domnonée, et saint Méen, fondèrent vers 645, au bord de l’étang de Penpont (tête de pont), un modeste prieuré dédié à Notre Dame et dépendant de l’abbaye Saint-Jean-de-Gaël. Ce prieuré fut détruit au 9e siècle, au temps des invasions normandes. Un deuxième prieuré fut alors érigé, dont il ne reste rien non plus aujourd’hui.
Construction de l’abbatiale
De nouveaux bâtiments virent le jour au début du 13e siècle : une abbatiale, celle que nous voyons actuellement, et des bâtiments conventuels organisés autour d’un cloître, le tout dans le style de l’époque, le style gothique 1.
La nef de l’abbatiale actuelle reflète bien la verticalité voulue par les constructeurs. Mais aux 13e et 14e siècles, l’abbatiale toute entière était ainsi construite, et toutes les voûtes, en bois, étaient de la même hauteur.
Les grandes transformations
C’est seulement au 15e siècle, au temps de l’abbé Olivier Guillo, que les voûtes du transept et du chœur furent abaissées pour permettre la construction d’un clocher, qui faisait alors défaut à l’édifice. C’est ce qui explique pourquoi, aujourd’hui, la rosace sud et les vitraux du chœur viennent butter dans les voûtes en briques. L’harmonie reste présente dans les ouvertures en ogive, dans la rosace, le portail extérieur avec la statue de la Vierge à l’Enfant entourée d’anges, dans les statues médiévales intérieures de Notre-Dame-de-Paimpont, dans la nef, de saint Judicaël et de saint Méen dans le transept gauche. Témoins également de cette époque, les restes du cloître découverts lors de travaux, en 1999, et qui sont conservés dans la salle des Écrouettes (galerie sud).
Avec le 17e siècle, des transformations importantes vont être mises en chantier. Tout d’abord, les bâtiments conventuels construits au 13e siècle furent détruits. Les moines augustins firent ensuite construire le grand bâtiment d’habitation actuel nord-sud, qu’on appelle « Le grand Logis » et le bâtiment ouest, appelé à tort « Manoir Abbatial ». Le tout pouvait abriter une vingtaine de chanoines.
L’église abbatiale fut en même temps décorée et remeublée en style à la fois classique et baroque, cher à la reforme catholique du 17e siècle, après le concile de Trente.
Le style classique apparaît à travers les boiseries de la nef, des transepts et du chœur, fortement influencé par les acquis de la Renaissance et le retour au monde gréco-romain : pilastres, feuilles d’acanthe, bustes antiques, anges de la chaire imités des cariatides, etc.
Le style baroque, lui, éclate dans les trois autels et les retables auxquels ils sont adossés : dorures, couleurs, tableaux, angelots, enfants dénudés, statues en mouvement (saint Augustin, sainte Monique, saint Mathurin et sainte Marguerite). La chaire, très ouvragée, est de la même époque, ainsi que les confessionnaux.
La sacristie a été conçue, elle aussi, avec les mêmes objectifs. Le mobilier rappelle les boiseries de l’église : mêmes décorations, même symbolique. Une statue de sainte Anne, du 15e siècle, provient de la chapelle de l’ancien cimetière.
Dans la sacristie, le trésor de l’abbatiale
Des vitrines ont été aménagées, il y a quelques années, permettant d’admirer un certain nombre d’objets allant du 15e siècle au début du 20e : le reliquaire de saint Judicaël (15e siècle) donné à l’abbaye de Paimpont par le dernier couple ducal, François II et Marguerite de Foix, parents de la duchesse Anne ; trois objets venant du 17e : un encensoir en argent, un christ en ivoire justement célèbre à cause de la précision de l’anatomie et de la finesse de la sculpture et un calice en argent de 1664. Dans la même vitrine, on peut également admirer une série de calices et de ciboires du 18e et du début du 19e. Dans une autre vitrine, des objets du culte en vermeil, de l’époque Napoléon III et de l’époque néo-gothique. Une bannière en tapisserie du 18e siècle, représentant Notre-Dame-de-l’Assomption, patronne de Paimpont, et des restes de fresques du 15e, complètent une visite riche en histoire.
Les travaux de restauration
En 2004, se sont achevés trois années de travaux de restauration dirigés par les monuments historiques. Consolidé, nettoyé, c’est l’ensemble de l’édifice qui a retrouvé sa splendeur. Dans le choeur, on a même réédifié le baldaquin, qui avait été déposé il y a trente ans pour des raisons de sécurité.
A Lire aussi
Paimpont, Site Naturel de Bretagne
Retrouvez l’essentiel de ce texte dans le topo-guide Brocéliande ...à pied.