Si les brigands étaient redoutés, les charbonniers ne l’étaient guère moins. Ils avaient la réputation d’être taciturnes, sauvages, voire brutaux et grossiers. Leur activité les obligeait à vivre au fin fond de la forêt dans des loges.
Les alchimistes de la forêt
Le travail, qui consistait à transformer du bois en charbon, en faisait pratiquement des alchimistes ; d’ailleurs, le seul conte de charbonniers que nous connaissons en forêt de Paimpont s’appelle la « Bûche d’Or ».
L’âge d’or des charbonniers
L’apparition de « grosses forges » à Paimpont au milieu du 17e siècle, a augmenté considérablement l’importance de cette profession. Les forges fonctionnent au charbon de bois, et nécessitent la carbonisation de 10 000 à 20 000 cordes de bois par an... La forêt est divisée en cantons qui sont coupés tous les vingt à vingt-cinq ans. Les bois, en particulier chênes, châtaigniers et bouleaux, sont carbonisés alors que les sabotiers utilisent le hêtre.
La fin d’un métier
Au milieu du 19e siècle, le nombre de charbonniers, à Paimpont, a dépassé la cinquantaine. Puis ce nombre a brusquement chuté avec l’arrêt des hauts-fourneaux. Au 20e siècle, certaines branches de l’industrie, en particulier l’industrie chimique, utilisaient encore le charbon de bois. Pendant la deuxième guerre mondiale, les gazogènes ont redonné un regain d’intérêt provisoire pour le charbon de bois. Depuis, les derniers charbonniers ont abandonné, l’un après l’autre.
Les sous-bois conservent les traces du passé
Actuellement, plus aucun charbonnier ne travaille en forêt de Paimpont. Les emplacements des anciennes loges existent encore mais sont à peine reconnaissables. Cependant, on peut toujours distinguer, dans les zones de taillis, des espaces plats, circulaires, de 4 à 10 m de diamètre. Ce sont les emplacements des meules (la forêt en contient des centaines). Ils sont les derniers témoins de cette activité passée.
Extrait du numéro spécial « Les Charbonniers de Paimpont », de l’association des Amis du Moulin du Châtenay.