Considéré comme l’un des plus grands folkloristes de Bretagne, il a notamment collecté pendant la deuxième moitié du XIXe siècle une somme inestimable de chansons et contes de Haute Bretagne. Adolphe Orain a recueilli une première version des « filles des Forges » en mars 1872 au village du Cannée sur la commune de Paimpont. Un sabotier de Paimpont lui en proposa une variante vers 1884.
Il est difficile d’imaginer l’effervescence qui régnait entre le XVIIe et le XIXe siècle dans le petit village des Forges aujourd’hui si paisible au bord de son étang. Ce sont des centaines d’ouvriers qui travaillaient sur ce site industriel ou en périphérie (Bûcherons, charbonniers,...). La vie était dure, alors on ne manquait pas une occasion de s’amuser...
Le 1er décembre, jour de la Saint Éloi, il y avait une cérémonie religieuse dans la petite chapelle dédiée au patron des forgerons. Les ouvriers fleurissaient les marteaux et différents outils. S’en suivait une fête profane, où l’on mangeait, buvait et dansait. On imagine bien que les réjouissances devaient donner lieu à quelques « débordements » (notamment aux yeux de l’église...). Ainsi la chanson « Les Filles des Forges » se présente comme un cantique qui aurait été progressivement détourné de sa vocation première au gré des versions et variantes.
Les Filles des Forges, version 1872 recueillie par A. Orain
Ce sont les filles des forges (bis) Qui s’en fur’nt à confesse (bis) En entrant dans l’église (bis) — Qu’avez-vous fait les filles (bis) — J’avons couru les danses (bis) |
— J’avions ben des culottes, (bis) — Allez-vous-en les filles, (bis) Il faut aller à Rome (bis) — Si je l’avons ben à Rome, (bis) |
Variante recueillie par A. Orain en 1884.
(Les 4 premiers couplets sont sensiblement les mêmes.)
Elles s’en vont à l’auberge (bis) — Apportez quinze bouteilles (bis) Elles ont bu quinze bouteilles (bis) |
Donnez la dix-septième (bis) |
« Ce sont les filles des Forges », version récente.
Digue-ding-don-don, ce sont les filles des forges (bis)
Des forges de Paimpont, Digue-ding-don-daine
Des forges de Paimpont, Dingue-ding-don-don
Digue-ding-don-don, elles s’en vont à confesse (bis)
Au curé du canton, Digue-ding-don-daine
Au curé du canton, Dingue-ding-don-don
Digue-ding-don-don, qu’avions-vous fait les filles (bis)
Pour demander pardon, Digue-ding-don-daine
Pour demander pardon, Dingue-ding-don-don
Digue-ding-don-don, j’avions couru les bals (bis)
Et les jolis garçons, Digue-ding-don-daine
Et les jolis garçons, Dingue-ding-don-don
Digue-ding-don-don, ma fille pour pénitence (bis)
Nous nous embrasserons, Digue-ding-don-daine
Nous nous embrasserons, Dingue-ding-don-don
Digue-ding-don-don, je n’embrasse point les prêtres (bis)
Mais les jolis garçons, Digue-ding-don-daine
Qu’ont du poil au menton, Dingue-ding-don-don
Digue-ding-don-don, ce sont les filles des forges (bis)
Des forges de Paimpont, Digue-ding-don-daine
Des forges de Paimpont, Dingue-ding-don-don